Nous sommes assurés de la réalité de ce qui nous entoure… Et pourtant…
Conférence donnée à Sceaux le 15 janvier 2007
Poussière admirant la poussière Nous poursuivons obstinément Grain de cendre, un grain de lumière En fuite dans le firmament
Victor Hugo
Ne percevons-nous que des miettes de la réalité?
La réalité est la chose la plus évidente et la plus assurée pour tout le monde et à la fois la plus malaisée à définir quand on s’y emploie.
L’information en provenance de la réalité, transmise à nos sens nous en donne une représentation. C’est-à-dire que l’information que nous recevons est forcément partielle et partiale, soumise à l’erreur, l’illusion, le fantasme, l’hallucination et aux aberrations induites par une éventuelle volonté de puissance. De même parler de la réalité, c’est échanger des informations soumises aux mêmes contraintes et aux mêmes risques de déformation.
Echanger sur la réalité comme ce soir, est donc une tâche apparemment insurmontable puisque, pour ce qui me concerne, je ne sais en aucune manière comment les mots que j’emploie, qui eux aussi font partie de cette réalité, vont être reçus par vous. Je vais même plus loin, je ne suis en aucune manière assuré que ma façon de voir est juste, ce qui ne doit pas être compris simplement comme relevant de la prudence scientifique, mais bien davantage comme la reconnaissance que dans tous les cas je ne saurai être certain, que ce que je dis, ce que je perçois, correspond bien à la matérialité du réel extérieur.
Je m’explique :
Nous sommes confrontés à deux difficultés majeures, autrement dit deux apories, pour employer un terme plus technique et approprié.
– Une aporie qui tient à l’assurance pour le sujet, en l’occurrence moi-même, que ce que je perçois est bien ce qui est. Autrement dit si je m’exprime en termes d’information, que l’information apportée par la perception de l’objet externe, est fidèle à ce qu’est cet objet, et pas seulement en profondeur, ne soyons pas ambitieux, mais déjà simplement en apparence ; quant à son existence. En effet, pour le savoir il faudrait que je possède un outil indépendant qui me le garantisse. Or, justement ça ne peut pas être le cas, puisque l’appareil qui me dit que le réel est bien le réel, se trouve justement dans mon cerveau, là où l’information apportée par mes sens arrive. Ma seule impression de vérité, provient de la conjonction de tous mes sens et d’éventuels témoignages concordants, soumis à la même règle dubitative. Du réel je ne peux avoir aucune certitude absolue. Cette aporie, je l’appellerai « aporie de l’information ». Je ne saurai être juge et parti. Ce qui est logique. Mais continuons ce même raisonnement. Il porte également sur la fiabilité de la logique, puisque pareillement pour la déterminer, je n’ai que mon cerveau. Autrement dit le raisonnement que je tiens n’offre lui-même aucune garantie de véracité même s’il utilise pour étayage une logique que je suppose partagée.
Cette aporie fondamentale qui porte sur l’appréhension du réel ne peut bien sûr pas être résolue et je dois m’en tenir là à la formulation d’un postulat : « il y a bien correspondance entre ce que je vois et ce qui est. Mes sens sont fiables » et ceci en supposant que je sois sain d’esprit, ce qui pour les mêmes raisons solipsistes ne peut être non plus garanti. Donc nous avons là un fondamental indépassable qui ne peut relever de la science mais seulement, il faut bien le reconnaître, du « tout se passe comme si », du « admettons que », autrement dit de la croyance et de la foi. Si j’étends mon raisonnement je peux affirmer que comme le chercheur qui a l’œil vissé sur l’oculaire de son microscope ne peut être certain de la réalité intrinsèque, ni de la valeur des raisonnements qu’il emploie, il faut en conclure que toute la science et par delà toute notre culture est basée sur un défaut d’espèce et ne vaut que par la foi dans laquelle on la tient. La certitude du chercheur est une croyance. C’est à peu prés déjà ce que démontrait en son temps Socrate. Il n’y a de certitude que sur la base d’une croyance. Il faut bien faire avec.
– Une autre aporie, la deuxième, qui intègre la première bien évidemment, s’ajoute encore. En effet rien ne garantit que les mots que j’emploie, vous les entendiez dans le sens où je veux les exprimer. Et même, pour ce qui est de ce point, je dois tenir pour logiquement certain, que vous les entendez sûrement autrement que dans le sens que je veux établir. Cette deuxième aporie, je l’appellerai « aporie de la communication ».
Qu’est-ce qui est commun entre vous et moi ? Sans vouloir entrer dans une longue liste à la Prévert, je dirai déjà que comme moi, vous avez l’apparence d’êtres humains (perception et raisonnement soumis à la 1ère aporie), et que je suppose que vous parlez et comprenez la même langue. Ceci étant posé, pour qu’il y ait communication, il faudrait que, comme dans le cas où on met en relation deux réservoirs, vous puissiez accueillir un même contenu en vous, qu’au moins mon propos, les mots que j’emploie soient exactement entendus comme moi je les profère, qu’ils aient le même sens. Or qu’est-ce qui fait le sens des mots ? Ce n’est pas simplement leur inscription en tant que mot, dans notre cerveau.
Nous sommes habitués à transférer rapidement des informations entre nos ordinateurs. Il n’en va pas exactement de même pour ce qui est des échanges humains. Ne confondons pas. Pour un ordinateur, le mot qui apparaît sur l’écran, n’a pas de sens, ce n’est qu’un dépôt. Dans le cerveau d’un être humain, le mot n’est pas un dépôt, mais un carrefour. C’est-à-dire qu’il est relié non seulement à d’autres mots qui permettent à l’intérieur du corpus de la langue de lui donner sens, mais qu’il est relié à l’histoire de leur inscription, autrement dit à notre histoire, à notre culture en tant que sujet.
Si je prononce le mot afférent à la couleur « bleu » par exemple, il est logique de penser que ce mot n’évoquera pas pour vous la même chose que pour moi. Je peux par exemple penser à une forme de bleu caractéristique de la Provence, et vous qui venez peut-être de voir une exposition de tableaux de Yves Klein, avoir en tête, ce souvenir et cette tonalité si particulière du bleu. Si parmi vous se trouvent des esquimaux, le mot « neige » n’aura pas la même connotation que pour moi, qui ne la connaît qu’occasionnellement. Recevoir une information de la part d’autrui, c’est en réalité recevoir une stimulation. La trace mnésique d’un mot est toujours prise dans un réseau personnel d’évocation. Tout mot, bien qu’à usage pluriel est de fait, singulier.
Et pourtant je vous parle et pourtant vous m’écoutez. Et pourtant j’ai l’impression, en retour, que vous me comprenez. Je dis bien impression, c’est-à-dire que là encore je n’ai aucune certitude quant à l’exactitude de la réalité que je perçois. Et comme je ne suis sûr de rien, je fais « comme si » et tiens pour avérée une donnée improbable. La encore pour ce qui est de l’aporie de la communication, il me faut le reconnaître que fondamentalement elle repose sur la croyance, sur la foi.
Ces prémisses posés, conscient du paradoxe qui consiste à vous transmettre l’incertitude quant au réel et à la valeur du raisonnement avec justement pour instrument la valeur de ce même raisonnement, et m’en tenant qu’à cette côte mal taillée faute de mieux, je poursuivrais l’exposé en abordant, le niveau phénoménal, c’est-à-dire ce qui apparaît, que l’on tient pour tangible à partir de l’inévitable confusion entre le sensible et la réalité. Ainsi pourraient être envisagés l’illusion, la fausse perception, l’hallucination du réel et la volonté de puissance, qui fait que pathologiquement on veuille transformer le réel suivant sa volonté.
Le raisonnement relatif à ces deux apories ayant conduit à un impératif, celui de tenir pour vrai quelque chose d’indémontrable, aucun exposé ne peut se poursuivre s’il ne s’appuie pas sur les postulats suivants :
1. L’information que je reçois du monde extérieur est conforme à ma perception.
2. L’information transmise au cours d’une communication émise ou reçue notamment par le biais du langage est suffisamment fiable pour que je la tienne pour vraie.
Pour un être humain l’information reçue n’est pas simplement sensible que par les sens qui lui permettent de la recueillir, elle l’est émotionnellement. La sémantique qui accompagne l’information est donc afférente à une histoire de vie, à l’histoire de l’enregistrement d’autres informations qui permettent de donner un sens à toute nouvelle perception, à sa singularité. Et cet enregistrement ne va pas simplement concerner notre cerveau cognitif, mais également notre cerveau émotionnel. C’est ce qui explique que, par exemple, quand quelqu’un est en danger l’information ne puisse être traitée comme une autre. Elle est prioritaire pour la survie. Comme l’être humain doit mémoriser à long terme ce qui est important pour lui, il peut se faire que ce genre d’information reste bloqué en lui, parce qu’il est terrorisant. C’est ce qu’on appelle un traumatisme psychique.
Si en tant que clinicien, je dois soigner quelqu’un de traumatisé, je peux me poser la question de savoir, si ce qu’il me dit de l’incident qui lui est advenu est réel ou pas.
Quels sont les outils dont je dispose pour le savoir ?
Par ordre d’importance, je dirai que bien souvent dans la pratique l’outil principal est le moins rationnel qui soit, puisqu’il s’agit du feeling, de mon ressenti, face à cette personne souffrante. Certes, ce feeling est alimenté par toutes sortes d’informations, par exemple le récit de la personne, mais aussi sa symptomatologie, son expression et toutes sortes de signaux infraverbaux qu’elle me communique à ce moment là. Mon feeling est intérieurement soutenu par ma formation, mes connaissances livresques certes, mais aussi et bien davantage par ma pratique. C’est mon expérience clinique qui est mon principal guide intérieur. Vous constaterez sans peine que tout ceci est bien aléatoire, bien incertain et difficilement le plus souvent prouvable. Pourtant, comme pour tous les êtres humains, je dirai que c’est largement sur cet à peu prés que se fonde la communication.
La communication oscille donc entre le purement intellectuel et spéculatif et la plénitude et la chaleur de l’empathie. C’est dire, si elle est spécifique d’un moment et d’une relation.
Je conclurais en disant qu’il me parait certain que du réel nous ne percevons que des miettes, mais celles-ci, pareilles à la manne et la rosée nourricières de Dieu, peuvent être fort substantielles et nutritives. Nous savons hélas que la distribution n’est pas égalitaire du tout. Certains auront beaucoup et d’autres trop peu. Pourtant aucun, ni plusieurs réunis, ni même l’humanité entière n’aura tout. Pareil à un repas de pains et de poissons resté célèbre, les miettes multipliées du réel d’un individu alimenteront à jamais les miettes d’une autre réalité, source d’agapes pour toute une humanité.
Jacques Roques
Sceaux le 15/01/2007
J’ai passe une malheureuse adolescence… A 5 ans deja, j’ai ete victime d’un vol chez moi et j’ai ete prise en otage, couteau sous la gorge! Je ne me rappelle pas entierement de l’attaque, a part la peur immense qu’ils fassent du mal a ma mere…
Entre mes 16 ans et mes 21 ans, j’ai ete touchee par une anorexie de derniere limite mais j’ai reussi jusque la a m’en sortir!
Tout a commence vers l’age de 16 ans… Je voyais des gens, decedes, qui me parlaient de leurs vies d’avant! Ils apparaissaient comme humain et je les voyais uniquement quand j’etais seule; A part de 2 fois… En therapie avec un psy et dans une eglise! Un homme a traverse devant l’hotel et personne ne l’a vu…
Depuis mes 16 ans, j’ai ete obligee d’etre suivie medicalement, ayant tente 3 fois de mettre fin a mes jours!
On m’a prise pour une folle… Suivi des seances d’exorcismes… Et surtout pris en charge par un nutritioniste, un psychologue et un psychiatre! Depuis mes 16 ans je suis sur une enorme dose de calmants, somniferes et antidepresseurs… 3 ans apres ma medication, je ne les voyais plus mais je les sentais! 2 choses concretes a ete mon ordi qui s’est allume sans prise de courant; Et dans ma salle de bain, tous les flacons poses sur une etagere se sont effondres…
J’ai aujourd’hui 25 ans, je suis instite et je m’occupe d’enfants dislexiques! Je suis fiancee, ma famille est geniale, tout va bien!
Mais je me pose depuis peu une question… Celle que c’est peut-etre ma medication qui m’a empeche de les voir et de les sentir! Et qui m’empeche aujourd’hui aussi de les revoir…
Je suis tres terre a terre mais on me croyait folle et lunatique! Je sais ce que j’ai vu mais mon entourage a reussi jusqu’aujourd’hui a me faire croire que ce n’etait qu’hallucination du a ma depression…
J’aimerais des reponses… Si cela vous interesse! Ce n’est pas ‘Le 6eme sens’ mais des faits a mon avis, tres reels…
Temoigner de visions ou de manifestations spirituelles a toujours cause des reactions differentes selon celui ou celle qui ecoute votre temoignage:
– Si celui-ci a un esprit materialiste, ces manifestations sont necessairement une demence, comme dans le cas des psychiatres ci-dessus.
– Si celui-ci a un esprit tres cartesien, ces manifestations sont decrites comme des surgissement d’affects, ces "choses inferieures" que sont les emotions.
– Si celui-ci a un esprit spiritualiste, il s’agira cette fois d’entites desincarnees.
La question de savoir laquelle de ces trois reponses est la bonne n’est pas interessante. Dans le cas de "Om" ci-dessus, le veritable probleme n’est pas ce qu’elle a vecu, mais comment elle l’a vecu:
– ces apparitions etaient-elles derangeants, terrifiantes, ou bien genantes ? La gene peut etre emotionelle, mais aussi materielle si l’entite donne des ordres au sujet qui l’empechent de rester maitre de sa propre vie…
– pouvait-elle, ou non, exercer un controle sur ces apparitions ?
Si les apparitions constituent une gene, il s’agit d’une alienation, et il faut y mettre un terme. Qu’il s’agisse de medications, ou de pratiques spirituelles de meditation visant a fermer son esprit, il est necessaire de se proteger de ce genre de parasitisme. Selon l’urgence du cas, la prise de medicaments peut etre la seule solution. Ce comportement est valide quelle que soit votre paradigme (materialiste, cartesien, ou spiritualiste) d’interpretation du monde, l’objectif est de proteger la personne et son entourage.
Si les apparitions ne constituent pas de gene, et qu’elles peuvent etre controlees, alors leur perturbation psychologique s’assimile a celle des reves. La question de la prise en charge psychiatrique est alors sans fondement : est-il necessaire de prendre des medicaments et de faire son possible pour cesser de rever ? Le seul probleme va resider dans l’interpretation de la "realite" de ces visions. Logiquement, ces entites existent au moins subjectivement, et peuvent etre vues comme des inspirations de sources inconsciente. Quel que soit leur degre de realite, chercher a les eliminer par des drogues m’apparsait comme une forme barbare et integriste de psychiatrie.
Si ces entites ne sont pas genantes, mais ne sont pas non plus controlables, leur irruption dans la vie psychologique d’un individu peut etre un symptome d’un mal etre plus profond, et temoigne en tout cas d’une forme d’alienation. Cependant dans ce cas, le recours aux medicaments me parait disproportionne. Il me paraitrait alors logique de prendre en charge ces visions comme on traiterait en psychiatrie de reves reccurents. Si reelement un blocage psychologique existe, etudier ces manifestations le resoudra plus rapidement que les nier. S’il n’y a pas de blocage, alors le sujet apprendra tot ou tard a controler ces apparitions, ce qui reviendra a soulever le risque d’alienation.
Decider de facon unilaterale qu’un mode de pensee est une manifestation de demence est non seulement un fascisme de pensee (mort a tous ceux qui ne pensent pas comme nous !), mais c’est aussi une erreur : cette facon d’agir nie la valeur des informations subjectives, en se basant sur des theories de l’esprit dont la base est de toute facon philosophique (le materialisme n’est PAS un paradigme demontre, pas plus que la spiritualite). Et il me parait grave de confondre des symptomes psychologiques, quels qu’ils soient, avec une alienation. Chaque patient devrait etre traite selon son historique personnel, et sa propre situation, et le bourrage de medicaments devrait en principe etre l’exception plus que la regle…
Non, vous n’êtes pas folle.
Oui, les esprits existent.
J’ai vécu des choses similaires.
Si des êtres vous contactent c’est qu’ils voient que vous avez des dons.
Ce que je peux vous conseiller c’est de ne pas vous occuper des esprits des morts, mais de ceux des vivants, qui sont eux aussi des esprits, à la seule différence qu’ils sont dans un corps et donc ont tous des problèmes liés à la vie, comme tout un chacun.
Pour ma part j’ai résolu ce problème en pratiquant le Taï Ji Quan, qui est une art martial chinois pratiquable à n’importe quel âge.
L’avantage de cette pratique c’est qu’elle nous ramène à la terre et permet aux personnes extra-sensibles de se « relier au ciel » en toute sérénité.
Vous possédez sans doute un excès d’énergie que bien des gens (consciemment ou non vous envient). Donc, moralité, il vous faut la canaliser dans une activité qui vous fait oublier vous même pour aider les autres.
Bon courage…
Gilles