Le réenregistrement sensori-moteur (RSM), un dérivé de l’EMDR pour aborder les maladies somatiques et les traumatismes simples. Théorie. Exemples de cas cliniques.
Gilbert Meunier
Introduction
Je remercie chaleureusement Jacques Roques de me donner l’occasion de faire connaître les possibilités du réenregistrement sensitivo-moteur (RSM) dans l’abord des maladies somatiques et des traumatismes simples.
Depuis une trentaine d’années de nombreux ouvrages ont été publiés concernant les relations entre situations émotionnelles et maladies, comme ceux de Michel Odoul, Claudia Rainville, Christian Flèche, Philippe Dransart et bien d’autres.
Ce que j’ai longtemps pratiqué quand j’étais médecin homéopathe – rechercher le remède qui correspond aux émotions du malade – je le retrouve maintenant avec ce nouvel outil qui est le fruit d’une démarche clinique de tâtonnements, en s’inspirant de connaissances acquises au cours de différentes formations, TSM de Pat Ogden, TIPI de Luc Nicon, Brainspotting de David Grand. Elles s’articulent toutes autour d’un noyau EMDR et arrivent à un protocole simple et efficace.
Ainsi le RSM fait la synthèse de mon expérience de médecin et de ce que m’a appris l’EMDR pour soigner certaines maladies somatiques.
On peut accompagner et aider des patients avec le RSM sans être médecin, mais il ne faut évidemment pas se substituer au médecin traitant.
Pour l’utiliser il suffit de bien assimiler quelques principes simples qui sont exposés et illustrés par des cas cliniques.
Bases Théoriques
Quelques Principes
- Notion de décodage : beaucoup de maladies surviennent dans certaines situations émotionnelles et il y a une logique entre la nature de l’émotion, la maladie et sa localisation.
- La cause émotionnelle est dans la maladie, elle entretient la maladie et les sensations de la maladie.
- C’est pourquoi inversement les sensations de la maladie peuvent aussi nous conduire à sa cause émotionnelle.
- La maladie est entrée dans le corps par des portes sensorielles, les situations émotionnelles ont d’abord été perçues par les organes des sens.
- Soigner le patient, c’est réactiver les enregistrements sensoriels traumatisants et les remplacer par des enregistrements sensoriels sécurisants.
Fondements du RSM
Le RSM est calqué sur la physiologie du traumatisme.
Les organes des sens et les capteurs cutanés enregistrent en permanence les variations du milieu extérieur et envoient des messages au cerveau reptilien qui va en induire les adaptations adéquates, viscérales et neuromusculaires, lesquelles sont le plus souvent silencieuses et inconscientes, sauf si ce qui vient du milieu extérieur est perçu comme un danger soudain.
Dans ce cas, les stimuli vont aussi activer le cerveau limbique, émotion, et le néocortex qui pourra mémoriser l’événement et en faire la narration.
- Tout se passe comme si les organes des sens avaient une mémoire, comme ceci a été magnifiquement décrit par Marcel Proust dans le fameux passage de la madeleine. Un parfum, une image, une musique peuvent remettre le patient dans un état de stress ou de bien-être sans que celui-ci fasse le lien avec un événement passé.
- Lors d’un événement traumatisant nos capteurs enregistrent les changements souvent brutaux du milieu extérieur et en gardent l’empreinte, images, sons, odeurs, sensations tactiles et kinesthésiques, voire gustatives. Dans tout traumatisme il y a toujours plusieurs sens concernés, avec un sens dominant. Ces perceptions sensorielles vont engendrer, via le cerveau reptilien, une adaptation viscérale et neuromusculaire. Ceci forme une chaîne indissociable, organes des sens-cerveau-corps, que nous pouvons appeler empreinte traumatique.
- Cette empreinte traumatique a d’abord été un matériel fonctionnel, hyperfonctionnel même, puisque c’est l’alarme qui prévient de l’arrivée d’un danger. Cette alarme reste active toute la vie, elle n’a aucune tendance naturelle à évoluer. Elle ne devient dysfonctionnelle que plus tard, une fois l’événement passé, quand le patient continue à réagir avec les ressources de l’époque du traumatisme initial.
- Le matériel « dysfonctionnel » n’est pas psychologique, mais physiologique. Il faut le chercher dans l’empreinte traumatique, la chaîne « organes des sens-cerveau-corps”, c’est à dire en langage clinique : perception-activation ou ce qui revient au même : perception-sensation.
- Ceci implique, notion capitale, que l’empreinte traumatique contient ce qui l’a causée. Comme en Brainspotting, dès que le patient a exposé ce qui le perturbe, il suffit de cibler pas à pas les sensations qui accompagnent ces perturbations pour que se révèlent la succession des situations traumatisantes comme on le verra dans les cas cliniques.
- Encore plus simple, si on connaît le trauma initial, on va cibler les différentes perceptions, images, sons, odeurs, saveurs et kinesthésie. Le matériel n’étant pas psychologique, on évitera de faire sortir le patient de l’activation et de rechercher une CN, une CP et une VOC, tout au plus un SUD comme en Brainspotting.
- Il ne faut pas confondre la narration du patient avec les perceptions qui lui ont donné naissance.
- Comme l’enseigne Jacques Roques dans sa Masterclass 2015 « Perfectionnement en EMDR » : Il y a traumatisme psychique quand une inscription sensorielle ne peut pas être représentée dans le « Moi” du sujet autrement que comme une menace imminente pour son existence ou pour son intégrité narcissique (Slide 36).
- Quand le patient est activé, ses perceptions sensorielles en face du thérapeute ne sont pas congruentes avec l’état de son corps. Aussi, dans l’approche RSM, remplace-t-on les inscriptions sensorielles traumatisantes par des inscriptions sécurisantes, tout se passe comme si on « purgeait » l’amygdale, supprimant du même coup le problème de l’intégration dans le cortex préfrontal, c’est à dire celui de la représentation dans le “Moi ».
- Ce sont les manœuvres d’évitements et d’adaptations aux traumatismes répétés qui seront d’ordre psychologique ainsi que tout ce qui se passe dans les traumas complexes et les empoisonnements psychiques.
Enfin un traumatisme, même bref, est toujours composé d’une succession d’instants traumatisants et à chaque instant correspond une empreinte traumatique. Le traitement visera donc à cibler et désensibiliser la succession des empreintes traumatiques (séquençage).
Quelques cas cliniques pour illustrer cette façon de procéder.
La douleur d’épaule de Nouma.
30 janvier 2014
Nouma 40 ans, d’origine berbère marocaine, cinquième d’une famille de 8 enfants, enseignante, est venu en mars 2013 à la suite de confidences de sa petite sœur qui lui a dit avoir subi des attouchements de la part du mari de la sœur aînée. Le travail sur cette cible a ouvert des canaux associatifs concernant toute la famille, l’enfance, la relation à la mère et entre autres, des attouchements aussi subis par un cousin un peu plus âgé.
Cette grossesse n’était pas désirée par la mère de Nouma qui avait même tenté des manœuvres abortives sans résultat. De tout temps les relations de Nouma avec sa mère sont difficiles et oscillent entre lien fusionnel et opposition frontale.
Aujourd’hui, Nouma consulte pour une douleur de l’épaule droite qui évolue depuis près de 18 mois, malgré les différentes approches thérapeutiques.
Je lui demande de se remémorer la période qui a précédé l’apparition de la douleur et elle me dit avoir eu successivement une douleur de l’articulation temporo-maxillaire gauche, puis de la nuque et enfin de l’épaule droite avec extension sur le flanc et le sein droit. Commençons donc par l’articulation temporo-maxillaire gauche, les yeux fermés et un léger tapping sur le dos des mains. Un souvenir douloureux ne tarde pas à émerger, une conversation au téléphone (oreille gauche) avec sa mère : le frère aîné marié vit aussi avec une cousine dont Nouma n’apprécie pas la conduite et la mère déclare au téléphone que cette femme est autant sa fille que Nouma.
Déclaration insupportable qui lui fait revivre tous les rejets y compris la tentative d’avortement. – “Je suis en rage, j’ai envie de frapper cette femme… en fait j’ai envie de frapper ma mère”, geste évidemment censuré et tout se passe comme si l’énergie de frapper était restée bloquée au niveau de l’épaule droite. (Dr. Philippe Dransart in “La maladie cherche à me guérir” p. 143 : “l’épaule évoque une situation où on veut agir et où on se sent bloqué”). Le fait que dans la même période après cet échange téléphonique des kystes au sein droit soient apparus vient appuyer cette hypothèse (Dr. Ph. Dransart p.287 : “les kystes bénins sont comme des boules de peine et surviennent fréquemment après un choc affectif”) .
Comment s’est déroulée la séance ?
La connexion à la douleur temporo-maxillaire gauche a fait émerger la cible : le dialogue au téléphone avec la mère, donc réenregistrement auditif et moteur.
Moi (M) : Nouma, est-ce que vous voulez bien fermer les yeux pendant que je tapote le dos de vos mains et essayer de revivre ici ce coup de téléphone avec votre mère, vous vous souvenez de la main qui tenait le combiné ?
Nouma (N) : Oui, la main gauche.
M : Sentez bien votre bras gauche, votre main gauche, ressentez vous des tensions ?
N : Oui, je me sens crispée.
M : Bien, Nouma, étirez votre bras, bougez-le, ouvrez grand la main, faîtes comme si vous jetiez le téléphone par terre, très fort.
Nouma fait ces mouvements, s’étire et on complète la détente par quelques MO et tapping.
M : Maintenant Nouma, vous entendez la voix de votre mère, qu’est ce que ça fait dans votre oreille gauche ? dans votre visage ? dans votre corps ?
N : Je suis énervée, tendue , très en colère.
M : Bon, sentez bien cela dans votre corps. Tapping puis MO puis : levez-vous, étirez-vous, faîtes quelques pas dans la pièce, respirez bien…
Je lui propose ainsi plusieurs fois de s’asseoir, puis de revenir à la voix de la mère, tout en continuant MO et tapping, de se lever et de s’étirer, etc.
M : Encore tendue ?
N : Non, ça va mieux.
M : Bon, voyons maintenant à quel moment la conversation avec votre mère a basculé et vous a choquée ?
N : C’est quand elle a dit que cette fille était comme sa fille, comme moi.
M : Que se passe-t-il dans votre corps maintenant quand vous l’entendez dire cela ?
N : Je suis en rage, j’ai envie de la frapper.
M : Nouma, voilà un coussin, allez frappez-le, griffez-le, piétinez-le…
C’est mieux maintenant ? Alors, fermez les yeux et essayez d’entendre la voix de votre mère, sa voix quand elle vous dit ça, que se passe-t-il dans votre corps maintenant ?
N : Je suis en colère ; j’ai envie de pleurer.
M : Restons sur la colère pour le moment ( et noter qu’il faudra revenir sur les blessures de l’enfance déjà ciblées dans le passé ) étirez-vous, levez-vous, respirez. Tapping, MO. Est-ce qu’ à d’autres moments, votre maman a une voix différente ?
N : Oui, nous sommes souvent aussi très fusionnelles.
M : Alors écoutez cette autre voix de votre maman, écoutez-la bien, sentez comme cela vous fait du bien… puis écoutez maintenant sa voix quand elle vous dit que cette fille est comme sa fille… écoutez aussi ma voix, qui vous dit “Nouma vous n’êtes pas responsable dans cette histoire, moi je sais que vous êtes une bonne personne, ici vous êtes respectée , vous pouvez choisir, vous pouvez arrêter, partir si vous voulez… maintenant écoutez sa voix… ma voix … etc. le tout accompagné de tapping.
Comment vous sentez-vous maintenant ?
N : Ça va …
M : Votre épaule ? Pouvez-vous la bougez ?
N : Ça bouge bien, il y a juste un petit point douloureux.
Fin de la séance ( 1 heure )
13 févier 2014 Deux semaines plus tard.
Après cette séance la douleur a complètement disparu pendant deux jours ( elle évoluait depuis un an et demi) puis une légère gêne est réapparue sans limitation des mouvements.
Nouma est d’accord pour cibler cette sensation, toujours selon le même protocole, les yeux fermés et un léger tapping sur le dos des mains. Elle signale aussi une hypersensibilité du cuir chevelu au dessus de l’oreille gauche, côté où elle tenait le combiné et la cible intègre ces deux sensations.
Les souvenirs se succèdent : sa mère ; cette cousine qui se fait entretenir par son frère aîné ; l’admiration de Nouma pour sa mère d’origine berbère ; une femme de caractère qui a eu le courage de divorcer deux fois ; l’éducation donnée aux filles qui devaient bien se tenir, ne pas donner aux garçons l’impression d’être des filles faciles, comme cette cousine ; les traditions berbères avant l’arrivée relativement récente de l’islam, une femme divorcée pouvait recevoir des hommes ; se faire entretenir, c’était admis, et Nouma réalise que tel a été le cas de sa mère entre les deux divorces ; qu’en fait sa mère accueille cette cousine “comme sa fille” c’est à dire comme elle même a été accueillie par ses beaux-parents au moment de son troisième mariage, “comme leur fille”, donc lavée de tout soupçon de mauvaise vie !!! Et Nouma de pleurer “comme j’ai été méchante avec ma mère… comme sa vie a dû être dure, d’abord mariée de force, puis remariée pour survivre… en fait quand ma mère parle de cette cousine, elle parle d’elle-même”.
Avant de se quitter, je mets quelques gouttes d’huile essentielle d’orange douce sur un kleenex et lui demande de respirer tranquillement alternativement avec les narines droite et gauche en se remémorant toute l’histoire, le coup de téléphone, la douleur temporo-maxillaire gauche, la douleur de l’épaule et de l’omoplate droite, les nodules du sein droit, la prise de conscience de la position de sa mère.
J’utilise de plus en plus cette stimulation de l’odorat – on ne peut pas ne pas sentir – quand il y a une odeur à évacuer, hôpital par exemple ou bien quand le processus est bloqué ou en fin de séance tout en revisitant tous les thèmes abordés pendant la séance.
Au moment de se séparer, Nouma n’a plus de douleur ni de rancune contre sa mère ni contre cette cousine. Il reste une éventuelle CN “je suis mauvaise” que nous n’avons pas le temps d’aborder.
17 mars 2014
Nouma n’a plus mal à l’épaule, elle souhaite travailler sur sa relation avec son mari.
22 décembre 2014 soit 9 mois plus tard.
Nouma revient, son épaule va mieux, mais un point sensible sous l’omoplate droite vient de réapparaître depuis quelques jours. Elle affirme d’emblée que cela a un lien avec l’argent. Dans sa famille il n’y avait pas d’argent pour des futilités. La mère gérait et achetait des louis d’or ou du bétail. Mais pourquoi cette douleur maintenant ?
On cible donc cette sensation, tapping puis MO, et rapidement un souvenir douloureux de collège se manifeste : “Je me retire volontairement d’un groupe de garçons parce que moi je n’ai pas d’argent ; je ne me voyais pas demander et risquer d’avoir un non ; moi je ne suis pas légitime, pas désirée par ma mère ; je fais le lien avec mes filles qui sont au collège, j’ai peur qu’elles se coupent de cette dynamique copains/copines, nous non plus on n’ a pas beaucoup d’argent”
Je n’ai pas noté le déroulement de la suite de la séance, mais à la fin la douleur avait disparu.
Le 12 janvier 2015 Nouma n’a plus de douleur, nous sommes en pleine période “Charlie” et nous parlons d’autres choses.
Remarques: Tout le travail avec Nouma a été centré sur les sensations qui ont progressivement révélé une histoire, un enchaînement de souvenirs qui prenaient sens progressivement, Nouma est allée de révélation en révélation et de compréhension en compréhension sans que j’ai besoin de poser de questions.
L’asthme de Chantal
30 janvier 2014
Chantal 62 ans, assistante sociale retraitée, est venue en septembre 2013 à la suite du vol de sa voiture, le voleur ayant pris sa place au volant alors qu’elle était descendue moteur allumé poser son sac dans le coffre. Elle avait été traînée sur quelques mètres avant de lâcher prise. Nous avons fait trois séances sur cet événement et elle déclare aujourd’hui ne plus avoir d’angoisses et avoir retrouvé son entrain. Elle consulte pour autre chose, une allergie respiratoire apparue le lendemain de la séparation d’avec son deuxième mari il y a 17 ans et diagnostiquée comme allergie au pollen de bouleaux qui depuis se reproduit tous les ans en février et peut persister jusqu’en octobre/novembre. La séparation se faisait d’un commun accord et c’est elle qui partait du domicile conjugal pour occuper un logement de fonction.
Son départ ? Elle avait tout préparé pour son nouveau logement où des amis l’attendaient pour l’aider à emménager.
On va donc suivre étape par étape le déroulé du départ jusqu’à la crise d’asthme qui la réveillera vers 5h le lendemain matin.
Chantal (C) première étape : Mon mari est absent, je prends mon panier avec le pique nique pour midi et ferme la porte.
Moi (M) : Que ressentez vous dans votre corps ?
C : Une légère angoisse dans le thorax.
M : Tapping, MO et Levez vous, respirez… Jusqu’à relachement.
C : deuxième étape : Á peine dans la rue, je vois à 3 m. de moi une voisine qui vient vers moi, ça me coupe dans mon élan !
M : Sentez bien cela dans votre corps, l’énergie pour avancer et l’obligation de s’arrêter pour la saluer.
C : J’ai le thorax bloqué, je respire difficilement.
M : Levez-vous… marchez… SBA . Étirez vous… fermez les yeux et regardez son image… ouvrez les yeux et faites le tour de la pièce avec votre regard… fermez les yeux… son image.. votre corps ? ouvrez les yeux… regardez mon visage, etc. jusqu’à apaisement.
C : troisième étape : Elle me dit “Bonjour Chantal, comment ça va ?” – je ne veux pas lui dire que je quitte mon mari; je fais semblant d’aller bien; je me bloque.
M : Toujours les mêmes soins et : écoutez sa voix… ma voix… sa voix… ma voix, etc. pour maintenant désensibiliser la porte d’entrée auditive.
Je la vois serrer les mâchoires et lui demande ce qu’elle a envie de lui dire.
C : J’ai envie de lui crier dessus, je suis en colère.
M : Allez-y, allez, dites lui “casse toi… lâche moi… barre toi… repoussez-la, et j’invite la patiente à mimer le geste de la repousser comme pour se frayer un chemin.
C : quatrième étape : Je la quitte et vais vers ma voiture qui est garée sous des bouleaux (on est en février, au début de la saison des chatons de bouleaux)
M : mêmes soins et en plus faire respirer un peu d’HE d’orange douce, ce qui libère complètement le blocage respiratoire.
C : cinquième étape : réveillée à 5 h. du matin par une crise d’asthme alors qu’elle n’en a jamais fait auparavant.
M : Essayez de revivre ce moment là, que ressentez vous ?
C : Encore une angoisse dans la gorge, le thorax.
M : Longue séance de MO, de tapping, d’invitation à respirer, à se lever (sortir du lit), sentir de l’HE d’orange jusqu’à détente complete.
M : sixième étape : Maintenant, cette année, la saison des pollens approche, imaginez les chatons de bouleaux, que se passe-t-il en vous ?
C : Ça va, je trouve ça joli…
M : Votre nez ? vos poumons?
C : Ça va
21 février 2014
– Encore quelques pointes d’alertes d’allergie, en particulier au niveau de la gorge, surtout quand je mangeais des pommes.
Entre temps, un autre souvenir lui est revenu, avant son premier divorce elle avait découvert que son mari la trompait et ce, dans le lit conjugal, elle avait eu alors des symptômes très intenses, des boutons sur tout le corps (allergie au lit ? au mari ?) et une congestion du nez si forte qu’elle manquait d’air quand elle avalait la nourriture ! (je ne peux plus le sentir ?)
La séance se passe à traiter ces souvenirs.
22 mars 2014
Toujours pas d’allergie nasale ou quelques écoulement et par prudence un traitement en spray préventif de l’asthme.
Mais aujourd’hui Chantal veut travailler sur sa difficulté à faire ses valises, surtout quand elle veut aller loin. Et il faut savoir qu’elle est pied-noir, fille de petits cultivateurs, rapatriée d’Algérie qu’elle a quittée vers l’âge de 11 ans après les accords d’Evian en 1962. Elle se souvient de ce départ, de ses parents avec une valise dans chaque main et Chantal fait d’elle-même le lien avec son problème de valises, qu’emporter quand on va perdre tout le reste ?
On va donc travailler sur le déroulé du départ, toujours en demandant s’il y a une activation dans le corps et en désensibilisant les images, les sons, et les blocages musculaires.
– les quais du port d’Alger : – C’est la dernière fois que je suis ici, je quitte mon pays.
– le frère aîné qui a eu le droit d’emporter son serin dans une cage, lequel s’envole au milieu de la traversée.
– mais surtout l’accueil à Port-Vendres, une foule massée sur les quais qui les conspue, “repartez, vous venez – manger le pain des français”. Accueil qui va la marquer profondément. En revivant cet événement, elle éprouve une intense oppression thoracique qui va mettre du temps à se dissiper avec les MO, le tapping, les mouvements du corps et finalement respirer un peu d’HE d’orange douce.
Il y a peut-être là l’événement programmant des ses futures allergies puisque l’on retrouve les mêmes éléments que dans la scène des bouleaux: je quitte mon pays, je quitte ma maison définitivement et je suis empêchée d’aller plus loin.
L’avenir nous le dira, Chantal souhaite faire une pause, mais m’a promis de me mettre un mail dans quelques semaines.
12 décembre 2014. N’ayant pas de nouvelles, j’en demande par mail.
13 décembre 2014.
Bonjour Docteur,
En réponse à votre mail, je peux vous signaler que j’ai été bien soulagée cette année du point de vue de mon allergie.
Cela a commencé tout doucement mi février. Cela était très supportable et je ne suis allée me faire prescrire le traitement allopathique que le 17 mars.
Et, si mes souvenirs sont bons, j’ai dû prendre ce traitement une quinzaine de jours car, me sentant mieux d’une part et remarquant d’autre part que les gênes étaient beaucoup moins fortes qu’à accoutumée, j’ai fait le pari d’arrêter (car je préfère limiter l’ingestion de ce genre de produit) et ça allait bien.
Je vous rappelle qu’auparavant, la période de très forte gêne durait de 3 à 4 mois (une année, cela a duré 8 mois… ) avec de nombreux moments d’inefficacité des médicaments, surtout au point de vue de l’asthme et du nez bouché. Cette période était vraiment épuisante pour moi, surtout dans mon métier où la parole est l’outil de travail.
J’ai beaucoup pensé à vous cette année à cette période là et je vous ai remercié de nombreuses fois.
Je profite de ce mail pour vous dire vraiment un grand MERCI!
Belle fin d’année à vous,
Très cordialement,
Comme dans la précédente observation, on aura noté l’utilisation du “séquençage”, c’est à dire qu’au lieu de demander le moment le plus pénible, on va partir du moment où tout va bien et cibler chaque étape de l’événement traumatisant.
À chaque étape correspond une porte d’entrée sensorielle et un état du corps, ici la rencontre : la vue, puis le dialogue : l’ouïe, puis les bouleaux : le nez.
Autre remarque d’importance : la notion de paramètres d’une situation, ici “je pars définitivement et je suis empêchée d’avancer”.
Quand un patient décrit une situation de mal-être il est intéressant d’en noter les paramètres. Exemple : un brillant ingénieur de 50 ans perd ses moyens en réunion quand il y a quelqu’un d’important. Paramètres : “je suis coincé, enfermé, nombreux regards sur moi, quelqu’un d’important”. En partant de là on retrouvera le trauma initial, il est en maternelle, fait pipi dans sa culotte, la maîtresse lui fait honte, tout le monde le regarde.
Les phobies de Virginie, soignées pas à pas.
Virginie, 53 ans, divorcée, 3 enfants, consulte pour une claustrophobie très invalidante l’empêchant de prendre le train, le métro, les ascenseurs et même la voiture si elle ne conduit pas.
Elle a subi des abus sexuels de l’âge de 4 ans 1/2 à 8 ans tous les jeudis, de la part de son arrière-grand-père maternel, quand sa mère la faisait garder par la grand-mère veuve qui habitait avec son père. Adulte, elle allait aussi peu mal que possible, s’était mariée, avait eu une première fille et dit-elle « tout m’a explosé à la figure quand ma fille a eu 4 ans » (la réminiscence des abus).
De novembre 2012 à février 2013 on se voit 5 fois pour écouter son histoire et mettre en place des ressources sans aborder les traumatismes. Enfin le 8 mars il devient évident que sa claustrophobie a quelque chose à voir avec l’enfermement lors des abus et elle est d’accord pour travailler sur cette cible avec la méthode du séquençage.
Première cible : Vers le milieu de la matinée, la grand-mère met son « paletot », prend son panier et part pour le marché.
Moi (M) : Virginie, pouvez-vous fermer les yeux et essayez de vous connecter à un moment où tout va encore bien, et approchez-vous du moment où la grand-mère va partir, comme si vous étiez en train de le vivre ici et maintenant.
Virginie (V) : (les yeux fermés) Je vois ma grand-mère se préparer, ouvrir la porte.
M : Stop, on s’arrête là, que se passe-t-il dans votre corps ?
V : (de plus en plus agitée) Mes jambes se crispent, mon ventre… mon cœur… j’ai du mal pour respirer… oh ! mais c’est comme les crises de spasmophilie que je fais maintenant dans les trains.
M : Tapping, MO, se mettre debout, bouger, ouvrir la fenêtre, respirer, se rasseoir, tissage cognitif pour rassurer cette petite fille et, quand la crise se calme, je lui demande de se lever et de sortir du bureau ( échapper au prédateur ) ce qui renforce l’ancrage de la CP proposée et bien acceptée « je vais m’en sortir ».
Cette première séquence a duré environ vingt minutes et Virginie est toute contente de ce début.
Étape suivante :
M : Alors, la grand-mère vient de fermer la porte, ensuite, que se passe-t-il dans votre corps ?
V : Je me sens toute seule… j’ai froid… je vais mourir.
M : une couverture, tapping sur les épaules avec sa permission, et (à l’intuition, quelque chose comme) : Oui Virginie, tu es là, tu as très peur et pourtant tu es une petite fille très courageuse et aussi tu es dans mes bras; et vous, la maman de trois enfants, et moi, nous allons essayer de la rassurer cette petite fille, allez, serrez-la bien fort dans vos bras, comme vous feriez pour votre fille, dites-lui que c’est fini, qu’elle ne sera jamais plus toute seule avec lui et que vous, Virginie, vous allez prendre soin d’elle maintenant etc.
Cette séquence est entrecoupée de poses, de verres d’eau, de respiration à la fenêtre grande ouverte et d’allers et retours entre la cible et le présent. A chaque retour à la cible je lui demande de prendre conscience des tensions dans son corps et à ce moment-là de se lever, de bouger, de s’étirer, de respirer. Cette façon de procéder libère très rapidement les tensions corporelles, mais uniquement si le patient est conscient de ces tensions au moment de se mettre en mouvement.
Au passage, elle remarque qu’elle éprouvait ce froid quand elle était dans les bras de son mari lors des rapports sexuels.
Virginie finit par se calmer, la CP « je vais vivre » donne une VOC à 7, on se quitte comme de vieux amis, et elle prend l’ascenseur pour repartir! Trois jours plus tard, j’ai un message : “J’ai pris le train, je vais pouvoir aller à Paris pour suivre une formation”
Deuxième séance, un mois plus tard,
Virginie est contente, elle prend les ascenseurs et le train, « je n’ai même plus peur des horloges sur le quai de la gare (ah ?) », mais elle a présenté une cystite et des métrorragies. Le modèle TAI en donne une explication limpide, à l’issue de la séance précédente on a laissé une petite fille qui allait subir des abus et son corps nous le dit, à vrai dire nous le hurle ! C’est vraiment là l’intérêt du modèle TAI et on comprend dès lors pourquoi et comment il est efficace aussi dans certains cas de médecine générale.
Avant de commencer le retraitement, Virginie me dit : Il était très vieux, il essayait de faire des choses avec son pénis, il grognait, et je me disais : il n’y arrivera pas.
M : Alors, la grand-mère est partie, quelles sensations dans votre corps ?
V : Il est dans son fauteuil; il lit l’Huma; il se lève…
M : Stop, votre corps ?
On va revisiter ainsi, sans que je ne pose aucune question, les différentes étapes, il la prend dans ses bras et la pose sur la table → SBA, et “descendez de la table, levez-vous, étirez-vous, etc.”
Ou bien elle y va toute seule → SBA
Lui enlève sa culotte → SBA
V : Je suis sur le dos, sous la pendule que je vois à l’envers (ah!) → SBA et « descendez de la table, levez-vous, bougez, étirez-vous, regardez la pendule, que se passe-t-il dans votre corps? regardez mon visage… la pendule… mon visage… etc. ». en accompagnant ces instructions de tapping ou de MO et en lui faisant respirer de l’HE d’orange sur un kleenex.
V : Il grogne, me trifouille, il n’y arrive pas.
M : Écoutez bien ces grognements… écoutez ma voix… ses grognements… ma voix… en prononçant “ses grognements” à voix de plus en plus basse et lointaine et “ma voix” de plus en plus clairement et Virginie finit par rire : “il n’y est jamais arrivé”.
V : J’ai la nausée, ça me dégoûte, → MO et respirer quelques gouttes d’HE d’orange dissipe rapidement cette nausée.
V : Tout ça a duré 4 ans ½, et là Virginie s’effondre et pleure, pleure, j’approche ma chaise pour lui faire du tapping sur les épaules, elle me tombe dans les bras en sanglotant. Il faut consoler cette petite fille, “c’est fini, plus jamais, vous et moi allons protéger cette petite fille” et elle finit par se calmer.
On se souvient qu’elle vient de faire une cystite et d’avoir des métrorragies, il est donc prudent de vérifier que cette zone uro-génitale est bien apaisée. Virginie, assise, est invitée à se connecter à cette partie du corps, sentir les muscles du périnée et des cuisses qui restent spasmés. Je lui propose de mettre ses deux mains sur son bas ventre entre ses cuisses et, debout derrière elle, avec sa permission, je fais du tapping sur ses avant-bras en lui suggérant de se réapproprier cette partie de son corps.
Les muscles se détendent un peu et il lui revient qu’elle éprouvait un plaisir qui la dégoûtait mais qu’ensuite elle se redonnait toute seule dans sa chambre. Tissage cognitif sur cette situation et on se sépare sans avoir trouvé une CP satisfaisante.
J’ai revu Virginie de temps à autre jusqu’en 2015, elle n’a plus de phobies, elle a eu d’autres problèmes de santé qu’elle prend en charge et a établi une relation stable avec un nouveau compagnon.
L’énurésie de Paul
29 novembre 2013
Paul, 12 ans, très bon élève de 5ème, fait pipi au lit une ou deux nuits sur trois. Ses parents se sont séparés quand il avait trois ans, il vit chez son père et est amené par ses grands parents paternels. Il a consulté pédiatre, urologue, pédo-psychiatre (4 séances), psychologue (10 séances) sans résultat.
A-t-il eu une période de propreté ? La grand-mère l’affirme, vers l’âge de quatre ans environ. Questionné, Paul dit que ça s’est aggravé à partir du CP et qu’il pense avoir été propre avant. Faute de renseignements plus précis, je lui fais un schéma de l’appareil urinaire et lui explique qu’il y a deux sphincters, le premier involontaire, l’autre volontaire, notions qu’il ignorait. Et je l’invite à ressentir cette possibilité d’interruption de la miction comme s’il avait une très forte envie.
Ensuite je lui propose de fermer les yeux et d’imaginer que c’est le soir, qu’il se couche et d’observer ce qui se passe dans son corps. Pourquoi cette démarche ? Imaginons comment cet enfant essaye de résoudre son problème, il doit en permanence se retenir, lutter, et je cherche à savoir s’il peut se connecter à sa vessie. Tapping sur le dos des mains, très vite Paul me dit sentir sa vessie, sensation de brûlure et envie d’uriner. Il va donc uriner et nous reprenons l’exercice, tapping, MO, jusqu’à apaisement de cette sensation qui n’avait pas complètement disparu avec la miction. Et tout à coup, Paul a le flash : depuis le CP jusqu’à aujourd’hui, dans la même classe, il y a Vincent, une tête de plus que lui, qui n’arrête pas de le taper, de le bousculer et de le « traiter ».
– Ferme les yeux, concentre toi sur l’image de Vincent, que se passe-t-il dans ton corps ? Ça le brûle de nouveau, il a envie d’uriner, et son corps est tendu, nuque, épaules, bras et jambes. Je lui demande de se lever, de s’étirer et lui donne un coussin qu’il pilonne et piétine pour libérer ses tensions et son agressivité contenue à l’égard de Vincent, tapping et MO pour détendre la vessie, un peu d’HE d’orange pour évacuer les odeurs d’urine et l’image de Vincent qu’il ne peut pas sentir (il avait éternué très fort en se connectant à cette image).
Progressivement Paul se détend, il est d’accord pour que son père intervienne auprès du CPE pour faire cesser ce harcèlement, et la CP « je vais m’en sortir » est bien acceptée avec une VOC à 5-6.
Instruction supplémentaire : – le soir, tu interroges ta vessie et si tu sens une tension, tu pilonnes ton oreiller jusqu’à apaisement. Tu peux aussi faire le papillon.
Je ne le reverrai qu’en janvier mais suis très impatient de savoir s’il s’en est sorti.
Deux semaines plus tard, le 11 décembre 2013, j’ai un SMS de sa mère que je recopie : “la semaine de Paul s’est bien passée puisque nous comptons 6 nuits sur 7 sans problème”.
Puis la situation se dégrade progressivement, au 19 décembre on en est à 4 nuits sur 7, et à la fin du mois une nuit sur deux, autant dire comme avant.
Le 03/01/2014
Deuxième consultation, amené par sa mère. Que Paul dorme chez elle ou chez son père il n’y a pas de différence, mais les vacances ont apporté une amélioration. Paul ne sait pas si son père a contacté les parents de Vincent ou la CPE du collège et on en déduit que ça n’a sans doute pas été fait. On va donc de nouveau cibler la relation avec Vincent, en lui demandant de raconter depuis le CP les souvenirs les plus marquants.
– En CP, Vincent s’amuse à me pousser, me fait tomber, je me relève et il recommence deux ou trois fois, ça fait rire les autres enfants.
Dans cette situation Paul est impuissant, coincé, ne peut pas fuir, ceci concerne la kinesthésie, il entend les rires – audition – et il voit Vincent rire ainsi que quelques élèves – vision -. Trois portes d’entrée sensorielles et quatre avec l’odorat qui enregistre toujours tout (on l’a vu avec les éternuements violents de la première consultation). On va successivement désensibiliser, c’est à dire réenregistrer, les perceptions de ces portes d’entrée.
Pour la kinesthésie, je m’accroupis, demande à Paul de se mettre debout, d’imaginer que je suis Vincent, et de me pousser de toutes ses forces pour me faire tomber. Je résiste un peu mais finis par me laisser aller en pleurnichant, ce qui le fait rire. Je lui demande de bien sentir sa force retrouvée avec cet exercice puis de se reconnecter à la situation, ce qui ne provoque plus les mêmes tensions.
Pour les rires on lui demandera de bien les entendre, de sentir ce que cela fait dans son corps, MO et tapping, avec une alternance de : ”écoute les rires – écoute ma voix”, jusqu’à apaisement.
Même chose pour les images, quelles sensations corporelles ? et MO, tapping, bouger et regarder les images ; regarder mon bureau ou me regarder.
D’autres souvenirs se succèdent traités selon le même schéma:
– Paul fait tomber Vincent qui pleure, là c’est Paul qui est fort.
– Vincent bat Paul au tennis, souvenir qui déclenche de forts éternuements, on ajoute de l’HE d’orange douce.
– En 6ème, Yannick, un voisin de 3ème protège Paul.
– En 5ème, Yannick est au lycée et Vincent se rattrape, il vide le sac de Paul devant un groupe de copains qui se moquent de lui.
La séance se termine sur la désensibilisation de cet épisode et la mère me dit qu’elle va faire le nécessaire auprès du CPE.
17 janvier 2014
Troisième consultation, Paul est amené par la grand-mère paternelle.
Il y a eu toute une période sans accident et rechute le dimanche soir, 12 janvier.
C’était un WE passé chez la mère, le père est venu chercher les enfants le dimanche soir mais ils n’étaient pas rentrés de promenade. Le père était agacé, de mauvaise humeur et Paul inquiet de la situation.
On cible cet événement et je décide d’ici la prochaine rencontre de me renseigner auprès de chaque parent sur les circonstances de la séparation.
Quelques jours plus tard, j’ai la mère au téléphone qui me dit que la vie était invivable avec son mari et qu’elle est partie vivre chez ses parents, laissant ses deux enfants, 3 ½ et 1 an chez le mari.
12 février 2014
Paul vient avec son père qui a une autre présentation de la rupture, sa femme pouvant être allée rejoindre un amant. En tout état de cause, la séparation a été très conflictuelle.
Je demande donc à Paul comment il a vécu cette séparation et s’il a des souvenirs de conflits entre ses parents. Effectivement, une scène de dispute l’a particulièrement marqué et il s’y connecte facilement. On désensibilise donc cette scène, qui semble être la source de sa crainte des tensions entre ses parents.
Le RV suivant a été annulé et début juin, soit quatre mois plus tard, je demande des nouvelles par courriel.
Voici la réponse:
Le 06 juin 2014 Courriel de la mère de Paul :
Bonjour docteur.
Un petit mot pour vous confirmer que Paul se porte à merveille. Aucun incident n’est à déplorer depuis six ou sept semaines.
Nous voulions vous remercier très chaleureusement.
Je vous souhaite bonne fête, même si c’est demain.
Remarque : On sait que les mammifères marquent leur territoire avec leur urine. Chez Paul, il y a deux problèmes de territoire :
Le premier est lié à la séparation des parents qui est supportable s’il n’y a pas ces disputes qui le mettent en insécurité et en conflit de loyauté.
Le deuxième est entretenu par Vincent, mais la solution trouvée par la mère, l’intervention auprès du CPE, n’a pas été suffisante.
On voit que dans cette observation on s’est laissé guider par les sensations, qui nous ont d’abord conduit au problème avec Vincent, puis par les situations, l’énervement du père au sujet du retard de la mère pour restituer les enfants.
Chute de cheval
23 mai 2013
Alexiane, 15 ans, a fait une chute de cheval lors d’un concours hippique. En fait elle n’a pas pu appliquer les consignes données par la coach pour sauter un obstacle en milieu de parcours, le cheval a heurté l’obstacle, est tombé sur Alexiane qui a cru mourir étouffée.
Depuis elle ne peut plus monter en concours. On pourrait se contenter de demander “Quelle est l’image la plus pénible ?” et dérouler le protocole EMDR, ce qui serait certainement efficace, mais il est cliniquement plus logique de traiter successivement chaque étape de cet événement.
Je reconstitue la consultation d’après mes notes et mes souvenirs, les explications de base, le signal stop, la permission de tapping une fois obtenus.
– Début : Alexiane, bonne cavalière est confiante et passe les premiers obstacles sans problème. Tout son corps est tendu dans un effort harmonieux en fonction des manœuvres à effectuer. La CP implicite est “je suis capable, je vais réussir”. On lui fait revivre les yeux fermés avec un léger tapping cette première séquence pour ancrer ces sensations et cette CP.
– L’instant où tout bascule :
Moi (M) : Alors Alexiane, vous venez de passer ce dernier obstacle, que se passe-t-il ?
Alexiane (A) : D’un seul coup, ma coach m’a dit de faire six foulées, je réalise que ce n’est pas possible.
M : Stop, on s’arrête là un instant, ce n’est pas possible, que se passe-t-il dans votre corps maintenant ?
A : Je suis crispée, tout mon corps ; paniquée.
M : Sentez bien cela, sentez toutes ces tensions dans votre corps. Tapping prolongé, MO, puis : Étirez vous… maintenant levez vous et descendez de cheval, marchez dans la pièce, sentez la détente… la liberté dans votre corps… puis asseyez vous, respirez, revenez à la séquence… et on continue tapping et MO jusqu’à obtenir une certaine détente.
M : Mais dîtes-moi, si j’ai bien compris, six foulées, ce n’était pas possible, alors c’est la coach qui s’est trompée ?
A : Oui, c’est vrai.
M : Alors Alexiane, ce n’est pas de votre faute, vous n’êtes pas responsable, sentez bien cela en vous : ”je ne suis pas responsable” “J’ai fait aussi bien que j’ai pu”.
Ensuite, on va cibler les étapes suivantes et les désensibiliser de la même façon,
– le cheval heurte l’obstacle
– il se reçoit mal et tombe
– il est sur Alexiane et l’empêche de respirer. Quand on arrive à cette séquence, je lui demande de se lever, de sentir qu’elle n’est plus sous le cheval, et je lui propose en plus de respirer quelques gouttes d’HE d’orange douce sur un kleenex.
– des gens accourent et le cheval se relève
– Alexiane souffre d’une cheville.
Pour terminer la séance, elle est invitée à se repasser toutes les séquences en respirant de nouveau l’HE d’orange.
Un mois plus tard
Alexiane revient, elle a pu remonter en concours, dans la catégorie inférieure pour le moment.
La première fois, à l’échauffement avant d’entamer le parcours, elle sent une légère angoisse, mais elle est aussitôt envahie par un parfum d’orange! Elle sourit, fait son concours comme les suivants sans problème. Il lui reste à remonter dans sa catégorie. Je n’ai pas de nouvelles depuis mais la maman m’a adressé le fils d’une de ses amies.
Le bégaiement de Sacha
11 septembre 2014
Sacha, 16 ans, cinquième d’une fratrie de six, élève de terminale, consulte pour un bégaiement qui se manifeste dans certaines situations, énervement, colère, s’il doit parler anglais, ainsi qu’à table, quand il y a beaucoup de discussions.
Le père qui l’accompagne signale qu’enfant il a été opéré deux fois pour s’être coupé la langue et aussi qu’il a fait un malaise en essayant de gober le jaune d’un œuf dur.
Sacha, lui, signale une difficulté à l’entrée en 6ème, il s’était trompé de classe et ne connaissait personne.
Comme il n’y a pas de situation initiale évidente, je vais rechercher s’il y a une sensation et lui demande de fermer les yeux, de se remémorer une situation de bégaiement et d’essayer de ressentir ce qui se passe dans son larynx.
“J’ai l’impression que ma gorge se contracte, avec aussi un blocage respiratoire”
On va donc cibler ces sensations avec du tapping, des MO, des respirations profondes et des mouvements pour libérer ce blocage respiratoire, avec de fréquents retours à la cible.
A la fin de la séance, une heure, la gorge et le thorax sont détendus.
Le 03 octobre 2014
Sacha revient avec son père qui déclare que son fils bégaye moins. Le fils, lui, est moins affirmatif.
On reprend la séance en ciblant de nouveau le blocage de la gorge. Cette fois-ci, on fait un floatback dès que Sacha est bien dans la sensation, tout en continuant le tapping les yeux fermés.
Bientôt va émerger un premier souvenir : “je suis en CM2, dans les rangs, un enfant derrière moi m’insulte, j’essaye de répondre … et il ne faut pas que je bouge … je me mets à bégayer”
On lui fait revivre cette situation étape par étape:
– Vous êtes dans les rangs et on vous insulte, qu’est ce qui se passe dans votre corps ?
– Je suis en colère, j’ai envie de le frapper.
– Sentez bien cela. SBA. Comment c’est maintenant ?
– Encore tendu.
– Sentez bien cela, et maintenant, levez-vous, retournez-vous et allez-y frappez-le, insultez-le, libérez cette énergie, et ce jusqu’à apaisement.
– Étape suivante : Vous voulez répondre et vous vous mettez à bégayer, que se passe-t-il dans votre corps maintenant ?
– Ça me serre dans la gorge.
– OK, sentez bien cela, MO, mouvements respiratoires, tapping et un deuxième souvenir émerge:
– Je suis en 6ème, il y a un gros qui m’insulte souvent, je le traite de gros, il me frappe et je me mets à bégayer…
Cette deuxième cible sera traitée comme la première, ainsi qu’une troisième, le soir à table n’arrive pas à se faire entendre ou subit les moqueries des grands. Enfin, une quatrième situation apparaît, il est en 5ème, un élève qui avait assisté à la scène avec le gros se moque de lui et il bégaye, situation traitée de même. Fin de la séance.
Le 28 novembre 2014 Sacha annule son RV. Il me dit aller bien.
C’est ce que j’ai voulu vérifier par SMS avant de rédiger cette observation, et voici sa réponse au 02 avril 2015 : Bonjour! Nos deux séances ont été très efficaces, immédiatement après celles-ci le bégaiement a cessé même si je recommence le soir à cause de la fatigue. J’ai même pu commencer à faire du théâtre !
Sacha est satisfait du résultat, il reste probablement du matériel dysfonctionnel à traiter qui ne se manifeste que dans les situations de fatigue le soir ce qui a peut-être un lien avec les dîners en famille de son enfance.
Ceci étant, qu’est-ce que le bégaiement sinon une sorte de figement entre deux énergies, je veux, je vais parler et je ne peux pas, on m’empêche, je ne dois pas parler ? (On retrouve le même mécanisme dans certains tremblements) Et c’est bien ce qui arrive à Sacha lors de la première situation.
On voit encore une fois que le fait de cibler les sensations a permis de dévoiler une succession de situations traumatisantes.
L’acné de Judith
09 mars 2015
Judith, 15 ½ ans, consulte pour de l’acné évoluant depuis trois ans environ, quelques mois avant l’apparition des règles.
La maman décrit sa fille comme une boule de nerfs, ayant eu des problèmes avec ses camarades en primaire “elle se faisait malmener par ses camarades, c’était proche de la phobie scolaire”.
Judith m’explique en effet qu’en CM2 dans son groupe d’amies il y avait une petite peste qui montait les autres filles contre elle, la mettait à l’écart, disait du mal d’elle, mais que elle, Judith, ne voulait pas que ses parents interviennent.
Les parents sont tout de même intervenus pour qu’elle ne se retrouve pas avec les mêmes filles au collège.
En 6ème tout se passe bien.
En 5ème Judith se retrouve avec “la peste” ; le même jeu se reproduit et c’est vers cette période que l’acné apparaît.
On va donc traviller avec des SBA sur les événements déclenchants de 5ème, le visage de la peste, sa voix, son regard, je n’ai pas noté mais probablement aussi son parfum, et permettre à Judith de frapper, griffer, piétiner un coussin pour libérer la rage que ces évocations réactivent dans son corps.
On cible ensuite de la même façon les événements programmants de CM2.
Pour clore la séance je demande à Judith de revisiter les événements de CM2 et ceux de 5ème tout en respirant un parfum d’HE d’orange.
La séance a duré une heure.
30 mars 2015
Judith revient, il reste des cicatrices sur le visage mais il n’y a pas eu de fortes poussées. Même lors des règles il n’y a presque rien eu.
On va revisiter les événements de CM2 et de 5ème, mais ceci ne réactive pas d’émotion. On aurait pu proposer des CP comme “je suis en sécurité” et “je suis bien comme je suis” mais cela n’a pas été fait.
On recherche en vain d’autres situations traumatisantes.
Je demande donc simplement à la maman de me tenir au courant.
05 juin 2015 Trois mois plus tard, SMS de la mère :
“ Bonjour Dr. Meunier,
Je vous donne des nouvelles de Judith que vous avez vue pour de l’acné. Aujourd’hui sa peau est vraiment belle. Merci pour tout, s’il y avait une récidive nous vous rappellerons.
Belle journée.”
Remarque : On retrouve souvent cette notion de facteurs programmants précédant les facteurs déclenchants. On aurait aussi bien pu commencer par les premiers, il faut simplement que ni l’un ni l’autre ne provoquent de réactivation en fin de séance et qu’ensuite il n’y ait plus de crises.
Une poussée d’herpès
13 avril 2015
Pascale, 45 ans, en recherche d’emploi, vient me voir depuis janvier pour se libérer d’une hypersensibilité à l’injustice qui lui fait perdre ses emplois successifs et qu’elle attribue à des abus de son frère aîné vers l’âge de 8-10 ans. Quand elle a eu 18 ans, elle en a parlé à ses parents qui ont refusé d’entendre sa souffrance et ont eu tendance à protéger le frère aîné.
Ce lundi 13 avril elle me raconte son week-end qui s’est mal passé. Son amie a invité des gens qui ont envahi la maison sans respect pour Pascale qui n’a rien dit mais qui présente ce matin une poussée d’herpès de la lèvre supérieure.
On cible donc la sensation de brûlure et différents épisodes du week-end émergent, désensibilisés tour à tour et on retrouve les éléments de l’abus : on m’impose quelque chose chez moi – comme dans ma chambre – et la personne sensée me protéger, mon amie, ne me protège pas – comme mes parents -.
Elle revient le 20 avril et me dit que deux jours plus tard l’herpès avait disparu.
La claustrophobie de Joëlle.
09 février 2015
Joëlle, 61 ans, consulte pour un problème de claustrophobie particulièrement invalidant car elle ne peut pas prendre les ascenseurs et son travail lui impose parfois des réunions au 7ème étage d’un immeuble. Elle dit que ce n’est pas seulement le fait d’être enfermée, mais surtout de ne pas trouver d’issue. On comprendra bientôt pourquoi
On va d’abord travailler sur la peur de l’ascenseur en lui demandant d’imaginer qu’elle entre dans un ascenseur et de me dire ce qui se passe dans son corps.
– Je suis bloquée de partout, je ne respire plus.
– Levez-vous, respirez bien fort, sortez de l’ascenseur (du bureau), asseyez-vous, revenez dans l’ascenseur et on alterne ainsi tapping et MO. Un souvenir émerge :
– Je suis enfant, on joue dans une grotte, la grotte des voleurs, et elle se met à pleurer, on continue les SBA puis tout se calme. Au bout d’un assez long moment de SBA, comme rien ne vient, je lui demande comment elle représenterait ce qu’elle ressent si elle le dessinait et cela lui évoque d’être enfermée dans une toute petite grotte.
– Quelle sensation dans votre corps ?
– La gorge, la gorge serrée. On axe le travail sur cette sensation et le souvenir revient :
– Quand j’étais toute petite, on m’a dit que je ne mangeais pas et que mon père m’immobilisait pendant que maman me pinçait le nez pour me faire manger.
Tout s’explique maintenant. On va donc se concentrer sur les sensations que cette évocation provoquent, d’abord se libérer de l’emprisonnement paternel en me repoussant très fort, puis les sensations au niveau du nez et de la gorge avec des SBA et quelques gouttes d’HE d’orange sur un kleenex. La CP “je vais vivre” est bien acceptée avec une VOC à 6. Elle accepte d’essayer de prendre l’ascenseur, d’abord avec moi puis seule sur un étage sans problème.
On se quitte sur cette première réussite.
27 avril 2015 Deuxième rencontre.
– « Très bien, j’ai pu prendre l’ascenseur à Paris jusqu’au 7ème étage, j’étais coincée au fond et il y avait 6 personnes en plus, je n’ai pas bronché, je n’ai pas bousculé tout le monde pour sortir, on s’est arrêté au 3ème et je ne suis pas sortie, je n’avais pas mal aux jambes, je n’avais pas de tremblements. Je n’en reviens pas moi-même! Même pas fière de moi car il n’y a pas eu d’efforts! Je pense qu’on a levé là un verrou très profond”.
Je me suis appliqué à noter les mots employés par la patiente et la séance va se passer à travailler sur la colère qu’elle ressent (ainsi qu’une collègue) contre des supérieurs hiérarchiques incompétents mais carriéristes qui s’approprient son travail pour se faire valoir en haut lieu.
Éric et ses paniques
13 avril 2015
Éric, 39 ans, marié et 3 enfants, est sujet à des crises de panique, dans les endroits clos, les tunnels, les supermarchés, mais aussi dans des espaces ouverts comme la forêt et là, il a envie de revenir à la maison.
Il me raconte un peu sa vie, nature anxieuse, un épisode dépressif en 2008 à la suite d’un changement d’affectation dans son travail. Il devient directeur d’une autre agence immobilière. Il va être sous Xanax pendant 7 ans. La première crise a lieu dans le métro en février 2013, un moment de sa vie où il voulait changer de travail – “Faut que je me tire et je ne peux pas”.
Il y aura d’autres crises, une fois dans un hammam, une autre en baie de Somme, espace ouvert s’il en est et finalement il se connecte avec le moment où il a rencontré sa femme,
“Comment je vais m’y prendre ? je ne vais pas y arriver”, il a une très mauvaise image de la femme, avec une mère alcoolique qui insulte son père, scènes auxquelles Éric enfant a assisté impuissant. On travaille sur le souvenir de la rencontre avec sa femme, avec une CP “Je suis capable d’y arriver” et il y est arrivé puisque la première rencontre remonte à 1996, soit bientôt 19 ans.
Mais on n’a pas ciblé les paniques.
28 avril 2015
“Pas de nouvelles crises, je me sens bien, j’ai de l’énergie, j’ai même pu partir en
Normandie sans problème, pourtant je n’aime pas l’éloignement ; pendant le trajet j’ai eu un début d’angoisse dans un tunnel, mais j’ai eu beaucoup plus de bons moments, c’était vraiment agréable”
Je lui demande d’essayer de se connecter à une crise de panique récente et il se remémore une visite éclair dans une grande surface avec un ami qui marche vite entre les rayons et à un moment, Éric se retrouve seul. “Tous ces néons, c’est comme dans les tunnels”. On travaille sur chaque étape de la crise jusqu’à ce qu’il retrouve son ami, puis je l’invite à se remémorer les tunnels et là il a cette phrase : “Tous ces néons qui défilent, c’est comme dans un hôpital”
Un hôpital ? J’imagine un enfant couché sur un brancard que l’on pousse vers un bloc opératoire et qui voit défiler les néons du plafond.
– Avez-vous déjà été opéré ?
– Oui, j’étais petit, couché sur un chariot, je voyais les néons, je voulais revenir vers maman.
Tout s’explique, et sa panique ans les endroits clos – il est sanglé sur un chariot puis enfermé au bloc – et le désir de revenir à la maison, et la sensibilité aux néons.
S’explique aussi la dépression en changeant d’affectation – je veux revenir à la maison – et son angoisse professionnelle – je veux me tirer et je ne peux pas – s’explique aussi son changement professionnel, il quitte la sécurité d’un grand groupe pour monter sa boite et travailler à 2 minutes de chez lui !
On va reprendre en détail le sanglage sur le chariot, la séparation d’avec la maman, le parcours sous les néons, le bloc et le masque pour l’endormir.
Il est intéressant de constater dans cette observation, comme dans d’autres que ces empreintes précoces vont conditionner les comportements tout au long de la vie. On n’est pas ici dans le domaine de la cognition mais presque dans celui de comportements et de choix instinctifs ou intuitifs.
11 mai 2015
“J’ai pu mesurer tout de suite les progrès, j’ai eu l’immense plaisir de prendre des tunnels sans aucun problème, pourtant c’était très chargé, je suis resté coincé dans le tunnel de Bobigny sans problème. Mais il reste des paniques en voiture, sur autoroute, d’un seul coup mon cœur s’accélère, ça me serre la poitrine, j’ai appris à gérer avec la cohérence cardiaque – Éric maintenant est thérapeute – ça dure 30/35 minutes, et ça se calme.”
On va donc travailler sur les sensations qu’il a ressenties récemment sur l’autoroute, oppression thoracique et accélération cardiaque. Tapping les yeux fermés.
Un premier souvenir, en voiture sur l’autoroute avec sa future femme, ça freine brutalement devant, Éric freine, regarde dans le rétro et voit un gros camion approcher à toute vitesse. On s’arrête sur cette première séquence, les épaules se crispent, il ne sent plus ses bras, ses jambes sont raides. – Levez-vous, sortez de voiture, respirez, remuez les bras, regardez les voitures devant… regardez moi… regardez le jardin par la fenêtre du bureau… puis même exercice avec l’image du camion, MO alternés avec tapping jusqu’à obtenir une détente presque complète.
Deuxième séquence: Éric passe la première et s’échappe sur la bande d’arrêt d’urgence, le camion l’évite. Même technique pour désensibiliser jusqu’à apaisement.
Il reste une oppression thoracique – Sentez bien ce qui se passe dans votre thorax, là où ça serre – et tapping les yeux fermés. Un autre souvenir émerge, il est au bureau avec un client important – il est encore dans son agence – et il reçoit un appel de son épouse, elle vient d’avoir un accident, elle a fait plusieurs tonneaux, elle n’a rien mais lui demande de venir de toute urgence. Le client est important, l’affaire est importante. Son ressenti ? “Faut que je me tire et je ne peux pas” .
On le fait bouger, se lever, libérer l’énergie bloquée dans les épaules en lui demandant de faire le geste de repousser ces clients et Éric termine la séance bien détendu.
10 juin 2015.
”Je n’ai plus de problèmes de voiture, il n’y a plus de traces, j’ai repris les tunnels, j’ai même plaisir à conduire, mais il y a le problème du train”.
La semaine précédente Éric a fait une formation à Paris de 2 jours et a voulu y aller en train ce qui est habituellement source d’angoisses. Effectivement le premier voyage s’est mal passé avec la montée d’angoisses dès que les portes se sont fermées. Il n’a pas bien profité de cette première journée de formation avec l’habituelle envie de rentrer chez lui. Le retour et les voyages du deuxième jour se sont parfaitement bien passés. Précautionneux, Éric avait pris ses billets quelques jours à l’avance au distributeur automatique et c’est cela que nous allons cibler en premier, d’abord les yeux fermés avec un léger tapping. – Je suis devant la machine… j’ai un vertige… de plus en plus fort… j’ai les bras coupés… Il dissocie, je le soutiens avec des : – Continuez avec ça, c’est bien, continuez, je suis là avec vous, continuez.
Éric est de plus en plus mal et finit par dire : J’entends la voix de ma mère qui dit « c’est trop dangereux pour toi », j’ai entendu ça toute mon enfance, les amis se moquaient d’elle et de moi.
Viennent alors des souvenirs d’enfance où sa mère l’empêche de bouger, de s’approcher des balustrades, des bords de rivières, des quais du métro (l’enferme?) et où il perçoit les regards de l’entourage. Je lui demande de se lever, de s’étirer, de marcher, de s’approcher de la fenêtre, les vertiges cessent, Éric revient dans son corps, il me dit avoir eu envie d’arrêter, mais se sentant soutenu il a continué.
On va travailler ensuite sur la montée dans le train qui va provoquer une nouvelle dissociation plus légère et la séance se termine sur de larges sourires d’Éric visiblement soulagé.
25 juin 2015
J’ai noté les paroles d’Éric : – Très surpris par la dernière séance. Vraiment intense. Quelque chose de touché au cœur de l’être. Depuis je commence vraiment à me sentir beaucoup mieux. Sensation de liberté, de respirer. Beaucoup moins anxieux.
On refait un passage complet sur l’épisode du train qui ne ramène aucune activation mais Eric se voit prendre la place du mécanicien et conduire le train jusqu’à Paris ! La CP « C’est moi qui dirige ma vie » est bien acceptée et donne une VOC à 7.
30 juillet 2015
Les vacances se sont bien passées, pas de problème de conduite malgré un long parcours, mais il reste une curieuse sensation de vertige lors des ballades à pied , avec un acouphène de l’oreille droite. Il doit alors avancer en regardant ses pieds et voudrait rentrer vite à la maison.
C’est une sensation très ancienne qu’il avait déjà dans l’enfance.
Toujours la même approche, sensation, tapping et il finit par se remémorer qu’enfant, en vacances en Vendée, il a pris une grande claque par une vague sur le côté droit du visage, ce qui réactive en séance une assez vive douleur de cette oreille, douleur qui va céder progressivement avec les MO et un peu de Brainspotting. Il se souvient aussi que, sonné, il avait eu beaucoup de mal à regagner sa famille sur le sable, toujours « il faut que je rentre chez moi”. En fin de séance, il n’y a plus ni douleur, ni vertige, ni acouphène.
Le genou de Madeleine.
Madeleine, 74 ans, est atteinte d’une sclérodermie systémique, maladie redoutable qui est caractérisée par une sclérose diffuse progressive touchant la peau, les articulations et pouvant s’étendre à certains viscères, œsophage, intestins, poumons, cœur et reins. La mort peut survenir par arrêt respiratoire. Je connais bien Madeleine pour l’avoir soignée quand j’étais médecin, sa vie est un tissu de drames, de deuils et de persécutions, mais ce n’est pas ce que nous avons ciblé. Après l’événement qui a précédé l’apparition de la maladie – un face à face avec la compagne de son fils qui venait de se suicider – nous avons toujours et uniquement ciblé les sensations les plus douloureuses qu’elle présentait lors de la consultation. A chaque fois ces douleurs nous conduisaient à des épisodes pénibles de sa vie comme on va le voir. Madeleine est venue me voir 22 fois depuis avril 2014 et progressivement la maladie a cessé d’évoluer, a commencé à régresser au point de retrouver une certaine liberté de mouvements et une libération complète de sa respiration.
Le 11 mai 2015 Madeleine consulte pour une douleur du genou gauche et nous essayons de savoir ce que ce genou peut nous dire, les yeux fermés avec un léger tapping sur le dos des mains. Premier souvenir, son mari l’a battue, Madeleine va en parler à sa propre mère qui donne raison au mari ! Une fois l’apaisement obtenu, un deuxième souvenir, heureux celui-là, à l’âge de 7 ans lors d’une otite, elle est dans les bras de son père qui la berce tendrement.
Le 09 juin 2015 Le genou reste douloureux, donc tapping les yeux fermés et là, rapatriée d’Indochine où elle a passé son enfance, elle passe un mois sur un bateau. Sa sœur aînée lui dit qu’il y a des mines dans l’océan et qu’ils peuvent sauter à tout moment; à ce souvenir ses jambes se mettent à trembler, aussi je l’invite à sortir du bateau et aller faire un tour dans le couloir en vérifiant que c’est bien la forêt qu’elle voit par la fenêtre. Ensuite un souvenir plus ancien, des hydravions japonais se posent sur le Mékong, des soldats en sortent et un jour un soldat en armes entre chez eux et… lui offre des bonbons! Rentrée en France, elle hurlait à chaque fois qu’un avion survolait sa maison.
C‘est en procédant ainsi que progressivement ses symptômes de sclérodermie ont régressé.
Conclusions
Dans l’introduction nous avons défini la chaîne traumatique comme étant l’adaptation du corps à une modification soudaine et dangereuse du milieu extérieur. Nous avons vu que cette chaîne se composait des perceptions sensorielles et, via le cerveau reptilo-limbique, de l’adaptation neuromusculaire et viscérale du corps. Nous savons aussi qu’il n’y a traumatisme que si la personne n’a pu ni fuir ni combattre, donc si elle est restée figée. Dans la plupart des cas ce figement n’est pas un effondrement de l’énergie, mais au contraire l’addition d’une énergie de fuite et d’une énergie de combat qui n’ont pu être déchargées lors de l’événement. On peut donc définir le figement comme les sensations engendrées par une énergie « fuite + combat » associées à des perceptions sensorielles.
Le RSM cible les deux extrémités de cette chaîne, le réenregistrement sensoriel efface les perceptions traumatisantes et l’énergie de figement est libérée en faisant faire au patient les mouvements qu’il n’a pas pu faire lors du traumatisme.
Là nous parait résider son efficacité et rapidité d’action dans le traitement de certaine maladies et des traumatismes simples.
Alors que j’avais pris ma retraite de médecin généraliste, depuis bientôt 10 ans que j’utilise cette approche, au début après avoir lu le livre de D. Beaulieu “L’Intégration par les Mouvements Oculaires” en ne faisant que des MO, j’ai pu accompagner et voir guérir des patients atteints de maladies aussi variées que des allergies oculonasales, des cystites, de l’asthme, des psoriasis, des herpès et des zonas, des eczémas, une verrue, des polyarthrites rhumatoïdes ( 2 cas ), une rectocolite hémorragique, une colopathie chronique, de l’acné ( 2 cas ) un cas de stérilité et un cas d’impuissance, des cas de névralgies, des céphalées, un cas de mictions impérieuses qui obligeaient la patiente à se relever 15 ou 20 fois avant de s’endormir, un cas de mycose vaginale, etc.
Ainsi certaines maladies ne sont que l’adaptation du corps à des situations émotionnelles et peuvent être guéries rapidement avec ce genre d’approche. Il y là un immense domaine à explorer et il serait heureux que les collègues praticiens EMDR osent se lancer dans cette exploration.
Toutes ces observations ont des points communs : le ciblage des sensations conduit à révéler une ou des situations traumatisantes réactivées dans la vie quotidienne par des stimuli déjà engrammés (pollens par exemple). Chaque situation est désensibilisée en ciblant chaque porte d’entrée sensorielle et chaque état de figement.
En d’autres termes, les sensations contiennent les situations qui les ont engendrées, comme dans les Oeufs Kinder, la sensation est le chocolat et la situation est le “cadeau surprise”.
Ainsi, la clinique s’avère être un guide très sûr pour conduire aux situations traumatisantes. S’adresser au cerveau droit est efficace puisque c’est là que résident les enregistrements sensoriels. On peut douter que l’interrogatoire le plus minutieux (cerveau gauche) aurait permis de les retrouver, par exemple comme dans “le genou de Madeleine” et souvent de les traiter aussi rapidement.
On voit aussi que le séquençage permet de traiter chaque porte d’entrée dans l’ordre où s’est fait l’engrammage sensoriel, ce qui conduit à un déminage progressif et évite les abréactions violentes. Cette façon de procéder donne une grande sécurité puisque l’on est a peu près certain d’avoir désensibilisé tous les paramètres d’une situation.
Au cours de ce travail on est aussi amené à constater que chez une même personne une succession de situations traumatisantes peut être structurée selon les mêmes paramètres (enfermé et en danger ou je quitte ma maison définitivement et la route est barrée).
Enfin, ce RSM n’a pas vocation à se substituer au protocole de l’EMDR qui a abondamment fait ses preuves, ce n’est qu’une possibilité qui vient s’ajouter à notre palette thérapeutique.
Alors, est-ce encore de l’EMDR ?
Stricto sensu non, puisque l’EMDR est l’application d’un protocole standard en huit phases. Mais cette démarche vient bien de l’EMDR avec une phase 1 qui recueille ce qui perturbe le patient, sans faire un historique complet, la phase 2 limitée aux explications de préparation et au signal stop, une phase 3 d’immersion centrée sur les sensations corporelles éventuellement évaluées par un SUD, une phase 4 plus complète puisque l’on désensibilise étape par étape et pour chaque étape les différentes portes d’entrées sensorielles et les différents figements, une phase 5 où l’on peut proposer une CP déduite de la nature du vécu du patient, phases 6, 7 et 8 identiques.
En fait, le ciblage systématique des sensations corporelles et des portes d’entrées sensorielles constitue un nouveau paradigme et en ce sens on pourrait dire que le RSM est un traitement adaptatif de stimuli sensoriels.
Et en cela on rejoint les conclusions de l’article très intéressant que Jacques ROQUES a publié sur Emdrrevue le 15 juin 2015, “La psychothérapie EMDR expliquée par l’anatomie psychique” dont je reproduis la conclusion ici :
Notre objectif initial était d’éclairer la notion de Traitement Adaptatif de l’information. Nous sommes maintenant en mesure de répondre aux trois points que nous avions soulevés.
Oui, L’EMDR est bien un traitement d’une manifestation pathologique, dans les exemples retenus ici, afférente à un traumatisme psychique.
Oui, Il s’agit bien d’un traitement adaptatif, c’est-à-dire qui permet de rendre à une inscription sensorielle et émotionnelle bloquée, la représentation cognitive sémantique qu’elle aurait dû avoir. Il permet notamment une résolution de la dysfonctionnalité d’un enregistrement incapable de devenir une information, un souvenir sémantique.
Non, il ne s’agit en aucun cas au départ d’une information, donc d’un contenu descriptif porteur de sens différencié pour le « Moi » du sujet relatif à l’événement, appartenant à la mémoire sémantique, mais simplement d’une manifestation sensorielle indicible associée à une émotion irrépressible, un contenu potentiellement informatif en attente d’un traitement adaptatif pour devenir véritablement une information. (c’est moi qui souligne).
En tout état de cause, autant il est important dans le cadre d’études scientifiques d’appliquer de façon rigoureuse un protocole indiscutable comme c’est le cas avec l’EMDR, autant en pratique privée il est souhaitable de disposer d’outils que le praticien pourra utiliser en les panachant si nécessaire et là, le RSM a toute sa place.
Remerciements
Je suis très reconnaissant à la géniale Francine Shapiro et à tous ceux qui m’ont formé à l’EMDR, David Servan-Schreiber, Michel Silvestre, Jacques Roques, Martine Iracane et Emmanuel Contamin, Isabelle Meignant et tous les collègues avec qui je ne cesse d’échanger depuis bientôt huit ans. J’ai aussi une grande dette envers la TSM de Pat Ogden, TIPI de Luc Nicon et le Brainspotting de David Grand. Enfin, il serait injuste de ne pas citer aussi mes chers patients qui eux aussi ne cessent de me former et me donnent la joie de continuer à travailler.
Bibliographie
Beaulieu, D. “L’Intégration par les Mouvements Oculaires – Manuel Pratique de la Thérapie IMO” – Le Souffle d’Or – 2005.
Bolte Taylor, J. “Voyage au delà de mon cerveau – Les extraordinaires découvertes d’une scientifique sur les potentiels de la conscience humaine” – Aventure secrète – 2011.
Dodge, N. « Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau » – Belfond – 2008.
.Dransard, P. “La maladie cherche à me guérir” – Tome 1 – Le Mercure Dauphinois – 1999.
Flèche, C. “Décodage biologique des maladies” – Collection Chrysalide – Le Souffle d’Or – 2002.
Grand, D. “Brainspotting : The Revolutionnary New Therapie for Effective and Rapid Change” – Sounds True – 2013.
Hochart, C. – “EMDR et techniques de réenregistrement sensorimoteur : analyse par théorisation ancrée d’un processus thérapeutique selon un triple point de vue, patient, thérapeute et stagiaire”. Mémoire de recherche de Master 1 – Université Paris 8- Institut d’Enseignement à Distance (IED) – 2013/2014.
Lipton, B. “La Biologie des Croyances” – Ariane – 2006.
Nicon, L. “T.I.P.I. Technique d’identification sensorielle des peurs inconscientes” – Emotion Forte – 2007.
Odoul, M. “Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi” – Albin Michel – 2002.
Ogden, P., Minton, K., Pain C. “Trauma and the Body : A Sensorimotor Approach to Psychotherapy” – Norton & Company, Inc. – 2006.
Rainville, C. “Participer à l’Univers sain de corps et d’esprit” – Les Editions F.R.J. inc.- 1989.
Roques, J. “EMDR : Une révolution thérapeutique” – La méridienne – Desclée de Brouwer – 2004.
Roques, J. “Guérir avec l’EMDR – Traitement, théorie, témoignages” – Seuil – 2007.
Roques, J. “Psychoneurobiologie – Fondement et Prolongement de l’EMDR” – Tome 1- Essai d’Anatomie Psychique Basé sur les Neurosciences – Psy Brain Editions – 2015.
Roques, J. “Polycopié Masterclass Paris 2015” – Association EMDR France –
Roques, J. “La psychothérapie EMDR expliquée par l’anatomie psychique” [en ligne]
[https://docs.google.com/document/d/1HgL1lmM0lVjYlPCSyB7UdB6zzCJT-PuZ-6xJHlage8w/edit#] (publié le 15 juin 2015)
Servan-Schreiber, D. “Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse” – Robert Laffont – 2003.
Shapiro, F. “Eyes Movement Desensitization and Reprocessing – Basic Principles, Protocols, and Procedures” – Second Édition – The Guilford Press – 2001.
Shapiro, F., Silk Forrest, M., “Des yeux pour guérir – EMDR : La thérapie pour surmonter l’angoisse, le stress et les traumatismes” – Seuil – 2005.
Shapiro, F. “Manuel d’EMDR Principes, Protocoles, Procédures” – InterEditions – 2007.
Merci à toi Gilbert pour cette très belle illustration des possibilités de traitement des traumas en adaptant le TAI que nous offre l’EMDR quand nous ciblons les enregistrements sensoriels dysfonctionnels, dans la mesure ou l’on sait ce que l’on fait, ce que tu nous démontres parfaitement.
Passionnant, je m’y mets dès que possible !
Merci également. Je comprends pour quelles raisons « le rêve-éveillé dirigé » fonctionne d’autant mieux qu’il est intégré à l’EMDR !
Un grand MERCI pour cet article extrêmement riche et passionnant.
Bonjour Dr
Je suis content de trouver dans votre article et de là dans votre pratique une correspondance avec ce que j’ai pu évoquer avec certains confréres à savoir que l’on pourrait effectivement se passer de la CN CP et méme de l’émotion parlée pour ne retenir que la sensation corporelle où se situe la mémoire de tout et cela est meme confirmé avec la pratique de l’EMDR sur les animaux ( Mme FABIENNE Lannes en a fait une spécialité à Marseille ) d’ailleurs j’avais parlé avec elle de cette possibilité.
Je suis maintenant conforté dans mon raisonnement ce qui va m’aider à mettre ceci en pratique ; je vous félicite aussi pour votre travail qui permet de résoudre beaucoup de troubles psychosomatiques . Dr Dendane Psychiatre Alger EMDR/TCC
Merci aussi à vous, cher confrère pour ce commentaire qui me conforte dans ma démarche.
En fait, depuis que je connais le système polyvalent de Portes, amplement développété dans le livre de Péter Levine » Guérir par au delà des mots « ,je comprends que nous sommes prisonniers de notre Système Nerveux Autonome et qu’il y a trois sortes de souvenirs qui correspondent aux trois états du SNA, vagotonie, fuite/combat,et/où figement. Soigner devient : libérer les énergies bloquées.
Je vais faire un exposé sur ce thème à Toulouse en mars, si vous voulez je peux vous envoyer le PPT quand il sera terminé.
Bien cordialement
Gilbert Meunier
Erreur de transcription : il s’agit du Système Polyvagal de PORGES !